La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale qui cause d’importantes pertes de production dans le cheptel affecté. La DNC était traditionnellement limitée à l’Afrique australe et orientale. Depuis quelques années, la maladie a franchi ses frontières historiques et a touché l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. La maladie entraîne des lésions cutanées (nodules) chez les bovins, une baisse de la production laitière et, dans les cas graves, la mort de l’animal. La maladie n’est pas transmissible à l’homme.
En Europe, après avoir été éradiquée dans les Balkans, grâce à des campagnes de vaccination en 2016-2017, la maladie a refait son apparition récemment. Des foyers ont été détectés en Italie, notamment en Sardaigne et en Lombardie. La France confirme l’apparition pour la première fois, le 29 juin 2025, des foyers en Savoie et en Haute-Savoie. 76 foyers , concernant 41 sites d’élevage, ont été répeertoriés da ns ces deux départements.
Le ministère français de l’Agriculture vient de publier plusieurs points d’information et un dossier complet sur cette maladie qui inquiète l’ensemble de la filière. Des chantiers de vaccination réalisés par des vétérinaires ont débuté le 18 juillet. La stratégie vaccinale concerne les 250 000 bovins de la région.
En Afrique du Nord, des foyers ont été signalés en Algérie, en Libye et en Tunisie. Des campagnes de navigation sont en cours dans ces pays.
L’Asie n’est pas épargnée. Les éleveurs y ont subi de lourdes pertes.
La propagation de la maladie est principalement liée aux mouvements de bovins infectés et à la présence d’insectes piqueurs (mouches, moustiques, tiques) qui agissent comme vecteurs. La situation épidémiologique est en constante évolution ce qui exige une surveillance stricte et des mesures sanitaires draconiennes.
Encadré 1 : Qu’est-ce que la dermatose nodulaire.
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale strictement animale (non transmissible aux humains) qui n’affecte que les bovins, buffles et zébus. Les autres espèces animales ne sont pas concernées. La DNC n’est pas transmissible à l’Homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par la consommation de produits issus de bovins contaminés, ni par piqûres d’insectes vecteurs.
La DNC est fortement préjudiciable à la santé des bovins et conduit à des pertes de production importantes, jusqu’à la mort d’une partie des animaux du cheptel infecté. Elle est classée en droit européen comme maladie de catégorie A, soit une maladie habituellement absente de l’Union européenne et contre laquelle des mesures doivent être prises pour un objectif d’éradication immédiate.
La période d’incubation de la DNC est variable, et a été établie à 28 jours par le Code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale. À l’issue de cette période d’incubation, plusieurs signes généraux peuvent apparaître :
- Fièvre pouvant atteindre 41 °C ;
- Abattement ;
- Anorexie ;
- Chute de lactation ;
- Hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
- Nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes
L’évolution de ces symptômes peut être très longue et les séquelles nombreuses (avortements, stérilité, tarissement, amaigrissement). La mortalité peut atteindre 10 % du troupeau. Pour plus d’informations, consulter la fiche technique de l’Organisation mondiale de la santé animale (en anglais).
Encadré 2 : Propagation et transmission
La DNC est une maladie qui est transmise d’un animal à l’autre principalement par la piqûre d’insectes hématophages (mouches piqueuses ou taons qui se nourrissent du sang des bovins). Ces insectes transportent le virus sur leurs pièces buccales. Le virus ne se multiplie pas lorsqu’il est présent sur ces insectes. Les insectes piqueurs peuvent se déplacer sur plusieurs kilomètres et disséminer le virus en piquant des bovins.
La DNC peut aussi être déplacée sur de longues distances lors du transport d’animaux infectés.
Les insectes vecteurs sont plus nombreux durant les périodes chaudes de l’année, ce qui augmente le risque de transmission entre bovins et peut augmenter le risque de propagation de la maladie.
La transmission à longue distance est liée aux transports routiers de bovins infectés, qui sont ensuite piqués par les insectes de la zone d’arrivée, et transmettent ensuite le virus aux bovins présents dans cette zone. Des bovins en apparence en bonne santé peuvent être porteurs du virus, soit parce qu’ils sont encore en phase d’incubation, soit parce que leurs signes cliniques sont très discrets.
Encadré 3 : Mesures prises en cas de détection de la DNC
La lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse passe d’abord par la gestion appropriée des suspicions de foyers en élevage bovins : suspension immédiate des mouvements et réalisation de prélèvements.
En cas de confirmation de l’infection, les mesures de gestion des foyers détectés sont :
- dépeuplement de tous les bovins du foyer. Du fait des caractéristiques de cette maladie, de sa contagiosité et de sa durée d’incubation longue (28 jours d’après l’Organisation mondiale de la santé animale), l’éradication de la DNC n’est possible qu’en appliquant un dépeuplement total des bovins des foyers, en plus des mesures de limitation des mouvements et de biosécurité (désinsectisation des bâtiments et véhicules). Étant donné son impact important sur la santé animale, la DNC est classée, en droit européen, comme maladie de catégorie A, et le règlement UE 2020/687 (article 12) impose un dépeuplement total.
- nettoyage, désinfection et désinsectisation du site d’élevage et du matériel (dont véhicules).
Encadré 4 : La vaccination
Le vaccin contre la DNC est un vaccin vivant atténué reconnu pour sa qualité, son innocuité et son efficacité. Il a été utilisé avec succès dans plusieurs pays, en Europe du Sud ou dans les Balkans, où il a contribué à l’éradication de la maladie. Le vaccin utilisé en France est identique à celui utilisé actuellement en Suisse et en Sardaigne.
Il ne présente aucun danger pour l’humain, ni pour l’environnement, et n’a aucun impact sur la qualité de la viande ou du lait.
Un animal vacciné est protégé à partir de 21 jours après l’injection d’une dose de vaccin.
Il est possible qu’un bovin soit en incubation au moment de sa vaccination. Dans ce cas le bovin sera malade de DNC, car la protection vaccinale n’est pas immédiate. Il est également possible qu’un bovin récemment vacciné soit infecté par un insecte piqueur peu de temps après la vaccination : le bovin sera malade, car la protection vaccinale n’est pas immédiate. Dans ces deux cas, il est donc possible d’observer des bovins malades de DNC dans des troupeaux récemment vaccinés. Cela ne signifie pas que le vaccin est inefficace, ni que le vaccin est responsable de la maladie. La confirmation de la maladie est alors gérée comme un foyer, c’est-à-dire avec dépeuplement total des bovins du foyer.
Source : Ministère français de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire