Al Moutmir est une initiative du groupe OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) lancée en 2018. Son rôle principal est d’accompagner les agriculteurs marocains, en particulier les petits exploitants, vers une agriculture plus durable, plus productive et plus résiliente en encourageant le recours à la science, la technique et l’innovation. Al Moutmir encourage les pratiques agricoles visant à maximiser les rendements tout en préservant les ressources naturelles, notamment l’eau et les sources. Ce programme est la matérialisation d’en engagement fort en faveur du développement agricole inclusif et durable au Maroc via la diffusion de pratiques agricoles innovantes inspirées des découvertes scientifiques et technologiques. L’initiative Al Moutmir est un trait d’union entre la recherche scientifique et les agriculteurs sur le terrain. Une telle approche est un modèle unique d’intégration verticale, du producteur d’engrais à l’agriculteur et de vulgarisation scientifique.
Il existe de nombreuses initiatives similaires, mais partielles, du programme Al Moutmir dans de nombreux pays. Certaines sont d’ailleurs le fruit d’une volonté d’OCP d’étendre son savoir-faire à des pays africains ou au Brésil (voir encadré). Mais le modèle Al Moutmir se distingue par :
- Son caractère itinérant et gratuit pour l’agriculteur
- Son intégration forte avec la recherche scientifique (UM6P)
- Son approche de customisation de l’engrais (NK Blend) basé sur un diagnostic de terrain
Le dispositif-clé de l’initiative est Al Moutmir Li Khadamat Al Qorb.
C’est le bras opérationnel du programme. Il s’agit d’un dispositif itinérant qui va directement à la rencontre des agriculteurs dans leurs régions. Parmi ses actions principales :
- Un service de proximité: il vise à offrir des services de vulgarisation et d’accompagnement auprès des agriculteurs ;
- Laboratoire mobile d’analyse des sols : fournir des analyses de sol gratuites et rapides grâce à des laboratoires mobiles pour recommander une fertilisation raisonnée et optimisée : « le bon engrais à la bonne dose et au bon moment ». En 2019, Al Moutmir a introduit la technologie Soiloptix Qui permet une cartographie fine des sols.
- Transfert de technologie et formation : des équipes d’ingénieurs organiser des sessions de formation par des équipes d’ingénieurs agronomes OCP forment les exploitants aux meilleures pratiques agricoles.
- Pour s’adresser directement à tous les agriculteurs marocains, Al Moutmir a mis à la disposition de tous les agriculteurs marocains @agripedia, une encyclopédie du savoir agronomique. Par ailleurs, l’application mobile @tmar offre du conseil agronomique scientifique gratuite à tous.
Composantes et Axes d’action :
- Des plateformes de démonstration (Agri-plateformes). Mettre en place des parcelles expérimentales co-construites avec les agriculteurs pour montrer concrètement aux agriculteurs l’impact positif de l’approche scientifique sur les rendements des bonnes pratiques agricoles adaptées à chaque région :analyse des sols, fertilisation raisonnée, bonnes pratiques
- Semis direct. Un axe important est le déploiement du programme de semis direct, une technique d’agriculture de conservation qui permet de lutter contre l’érosion des sols, de mieux conserver l’eau et d’améliorer la fertilité, contribuant ainsi à l’adaptation aux changement climatiques.
- Digitalisation. Le programme utlise les technologies numériques pour faciliter la diffusion du savoir scientifique et des recommandations techniques auprès des agriculteurs.
- Partenariat. L’initiative repose sur une approche partenariat forte impliquant le ministère de l’Agriculture, les chercheurs, les distributeurs, les coopératives et, bien sûr, les agriculteurs.
ENCADRÉ : ET À L’ÉTRANGER ?
Il n’existe pas d’initiative exactement identique dans sa globalité, bien qu’on trouve des programmes similaires dans d’autres pays, notamment en ce qui concerne la vulgarisation agricole, la fertilisation raisonnée et le rôle des grandes entreprises dans le développement agricole. En voici quelques exemples :
- Afrique (hors Maroc) : extension du modèle OCP et partenariats. L’OCP lui-même a diffusé son expertise dans le continent :
- Programmes de fertilisation sur mesure : l’OCP via sa filiale OCP Africa, déploie des programmes dans plusieurs pays africains (Rwanda, Ghana, Cameroun, etc). Ces programmes visent à :
- Adapter les engrais aux spécificités des sols et des cultures de chaque pays ;
- Former les agriculteurs aux meilleures pratiques de fertilisation
- Déployer des dispositifs de proximité d’analyse de sol et de recommandations, dans une approche similaire à celle d’Al Moutmir au Maroc.
- En Amérique du Sud : l’agriculture Carbone
- Projets de Carbone agricole : le groupe OCP, via sa filiale OCP Nutricorps, a lancé au Brésil le projet Carbono Verde do Araguia. Bien que centré sur le carbone, l’objectif est de :
- Restaurer des pâturages dégradés ;
- Adopter des praiques de gestion durable des terres : Agricultural Land Management (ALM) ;
- Réduire l’utilisation excessive ou déséquilibrée des engrais chimiques
- Générer des crédits carbone et renforcer la résilience des écosystèmes
- En Inde : l’information et la technologie
- Programme des Cartes de Santé des sols (Soil Health Card Scheme) : le gouvernement a mis en place ce programme massif pour fournir à chaque agriculteur une carte de santé de son sol. L’objectif est de :
- Réduire l’utilisation excessive ou déséquilibrée d’engrais chimiques
- Promouvoir la gestion intégrée des nutriments sur la base des analyses de sol très similaires à la démarche de diagnostic scientifique d’Al Moutmir.
- Initiatives générales :
Plus généralement, des initiatives similaires dans des pays émergents ou développés existent sous l’égide :
- Des centres de recherche nationaux qui gèrent des plateformes de démonstration et des programmes de vulgarisation ;
- D’organisations internationales comme la FAO qui travaillent sur des programmes régionaux d’engrais et de fertilité des sols ;
- D’entreprises privées d’agrofourniture (semences, fertilisants) qui offrent des services de conseil et de diagnostic (souvent payants) pour fidéliser leur clientèle et garantir une utilisation optimale de leurs produits.
Résultats-clés (récoltes récentes , notamment 2024-2025)
Les Platefomes de démonstration (PFDs) qui appliquent les itinéraires techniques optimisés basés sur l’analyse des sols et la fertilisation raisonnée ont produit des résultats probants. En voici quelques exemples :
- Pour les céréales, l’amélioration du rendement est de plus 21 à 23% et l’augmentation des marges bénéficiaires de 33 à 54% ;
- Pour les légumineuses, l’amélioration des rendements est de plus 26 à 33% et l’augmentation des marges bénéficiaires de plus 33 à 54% ;
- Semis direct : amélioration du rendement jusqu’à 20% par rapport aux techniques conventionnelles .
Ces gains confirment l’intérêt d’une fertilisation sur mesure utilisant des formules adaptées aux besoins réels du sol grâce aux analyses du laboratoire mobile et au Smart Blender qui produit des engrais personnalisés.
Élargissement du programme et zones ciblées
Le programme Al Moumir continie de s’étendre et de se diversifier.
Couverture géographique. L’initiative se déploie dans de nombreuses régions du Royaume, ave des actions ciblées dans plus de 24 à 28 provinces et plus de 120 localités.
Plateformes de démonstration (PFDs) : plus de 1100 plateformes de démonstration ont été installées pour la seule campagne 2024-2025, couvrant les céréales et les légumineuses. Depuis leur lancement des milliers de plateformes ont été déployées pour les grandes cultures (céréales, légumineuses), l’arboriculture (l’olivier par exemple) et le maraîchage (pomme de terre, tomate, oignon).
Semis direct. C’est un axe prioritaire en réponse aux changements climatiques. Pour la campagne 2023-2024, l’objectif était d’étendre la superficie cultivée par semis direct de 11 500 ha additionnels, portant la superficie globale couverte depuis le lancement du programme à plus de 35 000 hectares dans plus de 130 localités et 26 provinces.
Cultures ciblées. Les actions se concentrent sur les cultures stratégiques : céréales et légumineuses, arboriculture, cultures maraîchères.
