La pêche (continentale et maritime) est essentielle pour la sécurité alimentaire de l’Afrique et constitue souvent la source de protéines animales et de nutriments essentiels pour au moins 300 millions de personnes, y compris dans les zones rurales extrêmement isolées et précaires. Plus de 10 millions de personnes – dont plus de la moitié sont des femmes – travaillent dans le secteur de la pêche surtout dans la pêche artisanale continentale qui est vitale pour la subsistance de communautés rurales. Les pêcheries sont présentes dans pratiquement dans tous les pays.
La production de poisson en eau douce en Afrique provient principalement de la pêche de capture continentale (lacs, fleuves, lagunes) bien que l’aquaculture soit en forte croissance. L’aquaculture en Afrique – hors Égypte qui est un très gros producteur – a bénéficié d’une croissance de 14,5% en 2020. Ces pêcheries, bien que moins importantes en volume que les pêcheries maritimes, utilisent des techniques de capture qui ne nécessitent aucune technologie sophistiquée ou source d’énergie importée, ce qui les rend résilientes et financièrement profitables.
Tendances de production
La pêche de capture continentale reste prédominante en Afrique – contrairement à la tendance mondiale – notamment en Afrique de l’Est (grands lacs comme le Lac Victoria) où elle constitue environ 80% de la production totale de la région. Cependant, les stocks sont de plus en plus sous pression, avec des signes de surexploitation dans de nombreux plans d’eau majeurs.
L’aquaculture est le secteur à plus fort potentiel de croissance pour combler le déficit en produits aquatiques dû à l’augmentation de la population et au déclin des captures. Elle connaît une expansion progressive sur tout le continent. Les principaux pays producteurs aquacoles sont l’Égypte et le Nigeria, suivis par des pays comme l’Ouganda qui est second. Hors Égypte, la contribution du reste de l’Afrique à la production aquacole mondiale n’était que de 6,6% en 2020.
Selon la FAO, le continent africain produit plus de 3,3 millions de tonnes de poissons sauvages d’eau douce par an. La valeur ajoutée de cette production, selon la BAD, était de $ 6,3 milliards en 2019. Le potentiel de production des environnements aquatiques est estimé à 5 millions de tonnes.
Les défis de la pêche en eau douce
Au dire de la BAD, « ces pêcheries continentales dépendent largement du bon état et du bon fonctionnement de nombreux écosystèmes aquatiques, dont la diversité et l’étendue constituent une partie essentielle du capital naturel de l’Afrique. Cependant la réalisation du potentiel de pêche continentale est limitée par la dégradation des écosystèmes et d’autres utilisations de l’eau, ainsi que par des politiques de gestion inappropriées. ». Le secteur est confronté à des menaces qui mettent en péril sa durabilité.
- Surexploitation des stocks : la pression démographique et l’intensification des prises conduisent à une surexploitation des stocks.
- La pêche illégale et non réglementée : le manque de gouvernance et de contrôle efficaces aggravent les risques de surexploitation.
- Impacts environnementaux : pollution des plans d’eau (industrielle et agricole) ; changement climatique et fluctuations des niveaux d’eau (surtout dans les zones arides) ; construction de barrages qui perturbent les écosystèmes et les migrations de poissons.
- Manque d’infrastructures : les lieux de production sont souvent éloignés des lieux de consommation et le manque d’infrastructures du froid adéquates limitent la conservation ; les méthodes de séchage et de fumage sont encore très répandues.
- Gouvernance : il existe un besoin de renforcer les politiques et la gestion pour assurer l’exploitation durable des ressources.
Potentiel et perspectives
La BAD recommande « d’investir dans la conservation et la restauration des habitats aquatiques, l’intégration de la pêche dans la gestion des ressources en eau au niveau des bassins hydrographiques , le développement des infrastructures et services de base dans les zones de production et l’amélioration des connaissances et des capacités des parties prenantes. »
L’Afrique dispose d’un potentiel inexploité considérable pour l’aquaculture, notamment dans les systèmes d’élevage de tilapias et de poisson-chat africain, qui sont résilients et à croissance rapide.
De nombreux pays cherchent à intégrer la pêche et l’aquaculture dans une stratégie plus large d’Économie bleue pour une exploitation durable de leurs ressources aquatiques.