Une hotline satellitaire au service de l’agriculture mondiale

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Inbal Becker-Reshef est une experte de premier plan dans l’utilisation des observations satellitaires de la Terre pour la sécurité alimentaire mondiale et la surveillance de l’agriculture. C’est à ce titre qu’elle dirige le NASA Harvest  dont la mission est justement d’anticiper tous les phénomènes susceptibles d’anticiper les bouleversements susceptibles de compromettre cette sécurité. Elle vient de lancer une hotline destinée aux gouvernements, organismes humanitaires ou associations agricoles financée, entre autres, par Google et Microsoft.

Directrice-fondatrice de Nasa Harvest, elle est une figure-clé du programme de surveillance agricole mondial, le GEOGLAM – une émanation informelle du G 20 –  dont elle dirige l’initiative Crop Monitor. Ce dernier fournit des rapports mensuels sur l’état et les risques encourus par les cultures mondiales. Ses recherches et ses découvertes sont cruciales pour les décideurs amenés à prendre des décisions pour faire face aux conditions météorologiques extrêmes, aux conflits ou à la volatilité des marchés.

Mais Inbal Becker-Reshef n’en reste pas là. Elle est en train de créer un nouveau centre appelé Rapid Agricultural Assessment for Policy Support (RAAPS) . Ce centre n’est pas encore opérationnel mais il est en cours de développement et de mise en place. Son objectif est de fournir évaluations rapides et fiables des systèmes agricoles mondiaux et de leur réponse à des chocs soudains et imprévus. Le travail a commencé par le suivi et la cartographie des pertes agricoles à l’aide de satellites et de la télédétection. Il s’agit, de fait, d’une évolution et d’une extension de son travail avec Nasa Harvest et Geoclam Crop Monitor destinées à développer des capacités de réaction rapide aux crises.

Une hotline satellitaire au service de l’agriculture

Le RAAPS est une sorte de hotline à la disposition des gouvernements, des agences humanitaires et des associations agricoles. Il utilise les images spatiales filtrées et interprétées par des modèles d’IA afin de prévoir rapidement les crises potentielles.

Les principaux domaines d’intervention de ce futur centre sont :

  • Les conflits armés : un des premiers travaux d’Inbal Becker-Reshef avait justement consisté à aider l’Ukraine à évaluer les pertes en blé et céréales dues à l’invasion russe.
  • Les événements météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations et autres catastrophes naturelles.
  • Les situations de faible transparence des données : les régions où les informations sur la production agricole sont difficiles à obtenir.

Ce nouveau centre est doté d’un budget initial de $ 7,7 millions et emploie 20 collaborateurs. Son originalité tient à la nature de ses bailleurs de fonds parmi lesquels on compte Google et Microsoft. Concernant Google, le projet est financé via Google.org dans le cadre du programme AI Collaborative on Food Security qui soutient des solutions visant à prévenir les crises alimentaires. Microsoft intervient via AI for Good Lab. Les autres bailleurs sont la startup Planet Labsspécialisée dans l’image et les alertes satellitaires -, la NASA et la FAO.

Le nouveau centre est, temporairement, domicilié à l’Université du Maryland à College Park – où Becker-Reshef a a obtenu son doctorat – avant qu’une décision définitive soit prise sur sa future installation en Europe ou aux États-Unis.

Un outil d’anticipation, d’alerte et d’information

La chercheuse n’est pas la seule à travailler sur la télédétection des risques agricoles. Les organismes de surveillance des cultures par satellite se sont multipliés ces dernières années, ajoutant de nouveaux outils sophistiqués destinés à préserver la sécurité alimentaire.

En juin dernier, des chercheurs du Massachussetts Institut of Technology (MIT) ont dévoilé l’indice Jameel qui génère des scores de vulnérabilité commerciale alimentaire pour plus de 160 pays. Ils prévoient d’y inclure les impacts des scénarios futurs de changement climatique sur le commerce afin de faciliter la planification. Le même mois, l’organisation à but non lucratif, Earth Genome , a lancé une application qui visualise un réseau complexe de flux alimentaires et d’interdépendances mondiales.

Cependant, il manquait jusque-là des outils d’anticipation, d’alerte et d’information rapides sur les différents types de crises agricoles. C’est cette lacune que Becker-Reshef vient combler.

Le nouveau centre est le fruit des nombreux dérèglements climatiques et agricoles survenus ces dernières années. Les travaux de Becker-Reshef ont pris un tournant décisif avec l’invasion de l’Ukraine. La chercheuse n’a pas arrêté, depuis la guerre, d’évaluer les dégâts causés par la Russie. Elle surveille les plantations ukrainiennes, nouvelles et anciennes, quantifie les terres agricoles abandonnées. En termes de résultat, les informations fournies à Kiev ont aidé le gouvernement ukrainien à limiter les restrictions sur les exportations de céréales.

L’équipe travaille également sur la quantification des dégâts causés à la récolte de riz par les inondations au Pakistan, l’impact sur les cultures dans les zones abandonnées au Soudan en raison de la guerre civile et des problèmes similaires au Nord-Kivu en République démocratique du Congo.

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