La Fondation Gates investit dans la société argentine Puna Bio pour l’inciter à introduire ses extrêmophiles en Afrique subsaharienne. Ces produits sont particulièrement indiqués pour aider les cultures à survivre dans des conditions environnementales extrêmes.
La Fondation Gates investit pour la première fois de son histoire dans une startup agricole argentine. La société Puna bio, bénéficiaire de cet investissement, spécialisée dans les produits biologiques agricoles, devrait consacrer cet apport financier à son développement sur le marché mondial bien au-delà des frontières de l’Amérique latine.
L’arrivée de la Fondation Gates en tant qu’investisseur aidera Puno Bio à se développer à l’échelle mondiale « en fournissant des solutions qui pourront rendre l’agriculture plus productive, durable et résistante aux effets du changement climatique » a déclaré Franco Martinez Levis, PDG et co-fondateur de Puna Bio.
Les produits biologiques de Puna Bio utilisent des extrêmophiles, des microorganismes capables de se développer et de survivre dans des conditions extrêmes afin de renforcer les cultures contre les conditions environnementales difficiles, telles que les températures élevées qui touchent de nombreuses régions du monde en raison du changement climatique. L’entreprise intègre ces extrêmophiles dans des produits stables à température ambiante que les agriculteurs utilisent comme enrobage des semences.
La Fondation Gates investit dans Puna Bio pour qu’elle diffuse ses produits en Afrique subsaharienne et les adaptent aux conditions propres à cette région. La Fondation Gates a acquis une énorme expérience en matère de défis, d’opportunités et de mécanismes permettant 1) de concevoir des outils dont ont besoins les petits exploitants agricoles dans des régions telles que l’Afrique et l’Asie du sud-est, 2) de déployer efficacement ces outils à grande échelle pour afin d’en amplifier l’impact et de les rendre plus utiles. L’utilisation des extrêmophiles est déjà largement répandue en Amérique latine et principalement au Brésil.
L’Afrique ne devrait pas tarder à suivre.
LES EXTRÊMOPHILES DANS L’AGRICULTURE
L’utilisation des extrêmophiles dans l’agriculture est un domaine en pleine croissance qui sont ainsi mis à profit :
- Amélioration de la fertilité des sols et de la croissance des plantes dans des conditions difficiles :
- Bactéries promotrices de croissance végétale (PGPB) extrêmophiles. Elles aident les plantes à :
- Fixer l’azote atmosphérique
- Solubiliser les phosphates et autres nutriments
- Produire des phytohormones
- Améliorer la tolérance au stress
- Bioremédiation des sols : certains extrêmophiles peuvent dégrader des polluants dans les sols ;
- Production de biosurfactants qui améliorent la capacité des sols à retenir l’eau
- Biocontrôle des maladies et ravageurs :
- Biofongicides et biopesticides
- Renforcement de la résistance des plantes
- Enzymes et bioproduits pour l’agriculture :
- Extremozymes : les enzymes produits par les extrêmophiles peuvent être utilisées pour des applications agricoles spécifiques, par exemple pour la dégradation de la biomasse végétale ;
- Produits de décomposition : les extrêmophiles peuvent accélérer la décomposition dans la matière organique dans les composts
- Adaptation au changement climatique :
- Développement de cultures résilients
- Agriculture en milieux hostiles
Malgré leur immense potentiel, l’application des extrêmophiles en agriculture fait face à certains défis :
- Compréhension de leur écologie
- Production à grande échelle : le passage de la production en laboratoire à la production industrielle est très complexe
- Réglementation
LES EXTRÊMOPHILES
Les extrêmophiles sont des organismes qui ont la capacité de survivre et même de sz développer dans des environnements considérés comme extrêmes et inhospitaliers pour la plupart des autres formes de vie. Pour nous , ces conditions peuvent sembler mortelles , mais pour ces organismes, elles sont essentielles à leur existence.
On trouve les extrêmophiles dans des lieux surprenants et variés comme :
- Sources hydrothermales profondes : au fond des océans où les températures sont élevées et la pression immense ;
- Sources chaudes volcaniques : dans des bassins d’eau bouillante très acides ou très alcalines ;
- Lacs salés : avec des concentrations de sel si élevées qu’aucune autre vie ne peut y subsister ;
- Glaciers et régions polaires ;
- Profondeurs de la croûte terrestre sous des pressions énormes ;
- Environnements très acides ou très basiques comme certains sols ou lacs ;
- Zones à forte radiation où la vie est habituellement impossible.
Comment les extrêmophiles subsistent-ils dans ces conditions ?
Les extrêmophiles possèdent des mécanismes d’adaptation uniques au niveau cellulaire et moléculaire, par exemple :
- Enzymes spécialisées (extremozymes) : leurs enzymes peuvent fonctionner à des températures très élevées, à des pH extrêmes ou sous des pressions intenses, ce qui serait impossible pur les enzymes des organismes « normaux » ;
- Molécules protectrices : Ils produisent des composés qui stabilisent leurs protéines, leur ADN et leurs membranes cellulaires contre les dommages causés par leur environnement ;
- Structures cellulaires adaptées : Leurs membranes cellulaires et leurs parois peuvent avoir une composition unique qui leur permet de résister à des conditions extrêmes.
La plupart des extrêmophiles sont des micro-organismes (bactéries et archées), mais il existe aussi quelques exemples d’eucaryotes , comme les tardigrades (aussi appelées oursons d’eau) qui sont des polyextrêmophiles , capables de survivre à de multiples conditions extrêmes.
Pourquoi les étudier ?
L’étude des extrêmophiles est cruciale pour :
- Comprendre les limites de la vie ;
- L’origine de la vie
- La biotechnologie : leurs extremozymes ont des applications industrielles et médicales ;
- Exobiologie : leur existence suggère que la vie pourrait potentiellement exister sur d’autres planètes
En somme les extrêmophiles sont des organismes qui repoussent les frontières de ce que nous pensions être possible pour la vie.
Source : AFN
