La souveraineté génomique africaine est encore une utopie

  • 0
  • 46 views
Taille du texte
Imprimer

Si elle veut atteindre l’objectif vital de sécurité alimentaire, l’Afrique doit préserver sa biodiversité en développant ses capacités et infrastructures génomiques, selon l’African BioGenome Project (Africa BP). Ce ne sera pas chose facile car, malgré l’insécurité alimentaire et la disparition de sa biodiversité, le continent est lent, réticent selon certains, à adopter la génomique seule capable de l’aider à résoudre ses problèmes.

En tant que berceau de l’humanité, l’Afrique possède la plus grande diversité génétique au monde, ce qui en fait une ressource inestimable pour la recherche sur la santé et les maladies humaines. Malgré cette richesse, la génomique africaine est insignifiante au niveau mondial. Seulement environ, 20% des données génomiques mondiales proviennent du continent par manque d’infrastructures de séquençage, de biobanques et de financements.

Le marché mondial de la génomique devrait passer de $ 42,6 milliards en 2024 à $ 66,8 milliards d’ici 2029. Mais seuls 11 des 54 États africains ont adopté les cultures OGM et seuls sept ont mis en place un cadre réglementaire pour les encadrer. L’Afrique figure en tête des États africains pratiquant les cultures OGM. Ainsi, avec 85% de son maïs cultivé issu d’OGM, ce qui permet à ce pays de répondre à la fois à ses besoins de consommation intérieure et à dégager des surplus pour l’exportation.

Mais l’Afrique du Sud fait figure d’exception. Globalement, les cultures OGM rencontrent une forte opposition et la majorité des pays du continent ignorent le monde de la génomique. Parallèlement, l’Afrique risque de perdre la quasi-totalité de ses espèces menacées car personne n’a encore songé à séquencer le génome des animaux et des plantes menacés de disparition.

Séquencer 105 000 espèces

L’Afrique compte environ 123 000 espèces animales et 60 000 espèces végétales connues. Au cours des deux dernières décennies, seuls les gènes de 20 de ces plantes et 11 de ces animaux ont été séquencés, l’essentiel de ce travail ayant, d’ailleurs, été fait hors d’Afrique. Fondée en 2021 AfricaBP a justement pour objectif de combler cette grave lacune. Elle catalogue et étudie les génomes de la riche biodiversité africaine. Elle nourrit l’espoir de la préserver en faisant progresser la génomique et la bio-informatique à travers le continent.

Grâce à sa plateforme d’échange de connaissances, baptisée Open Institute for Genomics and Bioinformatics (Open Institute), AfricaBP a récemment publié une étude qui rend compte de ses ambitions. Intitulée « Libérer la bioéconomie africaine et renforcer la conservation de la biodiversité grâce à génomique et à la bio-informatique », cette étude explique en détail en détail pourquoi l’Afrique doit développer et adopter génomique si elle veut préserver sa biodiversité pour atteindre la sécurité alimentaire.

La génomique de la biodiversité offre des opportunités économiques pour dynamiser l’économie africaine. Le séquençage de 105 000 espèces devrait générer un effet multiplicateur direct et indirect sur l’économie africaine.

La professeure Anne Muigai, présidente d’AfricaBP précise : « C’est grâce au pouvoir de la génomique que l’Afrique peut se réapproprier son patrimoine biologique, stimuler l’innovation et bâtir une économie résiliente et autosuffisante, fondée sur les connaissances, les données et les priorités africaines.

Un budget annuel de $100 millions

AfricaBP donne aux scientifiques africains les moyens d’agir grâce à des formations pratiques tout en leur permettant de tirer parti de la puissance des collaborations entre les secteurs public et privé. AfricaBP jette, ainsi, les bases d’une économie résiliente et inclusive, ancrée dans le savoir africain. À ce jour, l’organisation s’est fixé l’ambitieux objectif de séquencer 105 000 espèces parmi lesquelles des plantes, des animaux, des champignons, des protozoaires et autres eucaryotes.

Pour atteindre cet objectif – dont le coût s’élève à plusieurs millions de dollars – AfricaBP a réuni une équipe de plus de 100 scientifiques africains et plus de 20 organisations à travers le continent. Selon AfricaBP la production de génomes de référence de haute qualité pour les 105 espèces recensées exigerait l’investissement colossal de $ 850 millions pour le séquençage tandis que $ 20 millions supplémentaires seraient nécessaires pour stocker, transférer, télécharger et traiter les données. En définitive AfricaBP aurait besoin d’un budget annuel de $ 100 millions.

AfricaBP concentre ses efforts sur les espèces qui revêtent une importance économique, scientifique et culturelle pour les communautés africaines, tant en termes de systèmes alimentaires durables que de conservation de la biodiversité. Pour ne citer qu’un exemple de la rentabilité du projet, un investissement de $ 4 millions dans le programme de génomique bovine sud-africaine pourrait générer un retour sur investissement de l’ordre de $ 140 millions sur une période de 10 ans.

À ce jour, cependant, les initiatives africaines en matière de génomique restent confinées au cercle restreint des scientifiques, des instituts de recherche, des universités, des décideurs politiques, des organisations gouvernementales et des partenaires internationaux. Peu de pays mettent cette technologie à la disposition du grand public par peur des controverses comme en témoigne le rejet des OGM par un grand nombre d’Africains.

Alors que les gouvernements restent prudents, AfricaBP est déterminée à renforcer les capacités des centres de séquençage locaux dont elle favorise la création. L’organisation estime que son action est essentielle pour réduire la dépendance du continent vis-à-vis de l’étranger, créer des emplois qualifiés et accélérer les innovations.

D’après Agfundernews et African BioGenome Project

En tant que berceau de l’humanité, l’Afrique possède la plus grande diversité génétique au monde, ce qui en fait une ressource inestimable pour la recherche sur la santé et les maladies humaines. Malgré cette richesse, la génomique africaine est insignifiante au niveau mondial. Seulement environ, 20% des données génomiques mondiales proviennent du continent par manque d’infrastructures de séquençage, de biobanques et de financements.

Précedent La Fondation Rockfeller veut nourrir 100 millions d’enfants d’ici 2030
Rapport, AFSA, juillet 2025
Suivant Rapport, AFSA, juillet 2025