Si les perspectives de l’économie américaine pour l’année 2025 sont, de l’avis général, robustes, c’est bien moins le cas de l’agriculture. Les incertitudes politiques nées de l’élection de Trump, vont probablement, selon la CoBank, aggraver les handicaps traditionnels de l’agriculture américaine.
Bien que la nouvelle administration n’ait pas encore clairement défini sa politique, Les déclarations des futurs responsables présagent un accès plus difficile aux marchés d’exportation et un recrutement plus difficile de travailleurs étrangers.
Le boom éphémère des cours des matières provoqué par de nombreuses sécheresses dans le monde, la guerre en Ukraine et les problèmes d’approvisionnement dues au Covid 19 ne sont plus qu’un lointain souvenir. Les prix des grandes cultures ont chuté de 50% par rapport à leur sommet de 2022 alors que les coûts de production, eux, sont restés élevés, faisant chuter la rentabilité à son pus bas niveau de la dernière décennie. Toutefois, point positif, est que l’élevage et la production laitière sont restés rentables en raison du faible coût des aliments pour bétail et de la résistance de la demande.
Mais, en gros, la future administration Trump va faire souffler des vents contraires préjudiciables à l’agriculture et à l’élevage. N’a-t-il pas remporté l’élection grâce à ses deux propositions phares : des droits de douane élevés sur les importations et l’expulsion des travailleurs sans papiers. Ces deux mesures ne peuvent être que négatives pour l’économie américaine.
Compression des marges
Toujours selon CoBank, le renforcement du dollar américain ajouté aux risques de conflits commerciaux et aux récoltes record en Amérique du sud va peser lourdement, à la baisse, sur les cours des céréales et des oléagineux en 2025. Les agriculteurs américains s’attendent à une compression de leurs marges et à leur impuissance à réduire leurs coûts de production.
Les intrants industriels risquent aussi de souffrir des perspectives baissières des cours du pétrole. Ainsi risque-t-on d’assister à une baisse de la demande d’éthanol, de biodiesel et de de diésel renouvelable. L’incertitude de la politique agricole de la nouvelle administration assombrit donc également, l’avenir de la demande en biocarburants.
La baisse du coût des aliments pour bétail et l’augmentation des marges de production ont ravivé l’intérêt pour la production de protéines animales. Cependant, les coûts de la main d’œuvre, de la construction et des terrains restent élevés, ce qui tempère l’espoir d’une croissance significative de l’offre à court terme.
Le paysage économique mondial a été caractérisé par une baisse de l’inflation et une expansion économique modérée. Mais l’imposition de tarifs douaniers élevés augmenterait le risque de fragmentation du commerce mondial et des flux financiers, ce qui affecterait la disponibilité du dollar dans le reste du monde. Les pays en développement dont la dette est libellée en dollars sont particulièrement menacés. En principe un dollar fort provoque une baisse des cours pour toutes les matières premières libellées en dollars.
La politique agricole de Trump I
Le changement climatique continuera à affecter la productivité agricole avec des impacts variables selon les cultures et les régions. Les projections indiquent des conséquences négatives du réchauffement pour les cultures de maïs tandis que le blé, en revanche, est susceptible de connaître une hausse des rendements.
Cependant, certains économistes sont plus optimistes sur les conséquences de la politique de l’administration Trump sur l’agriculture. Ils citent, entre autres facteurs favorables : une politique avantageuse, le soutien à la production de biocarburants, la déréglementation ou les accords commerciaux internationaux.
On connaît les effets de la politique de Trump I. Ainsi, l’augmentation des tarifs douaniers sur les produits chinois a-t-elle entraîné des mesures de rétorsion de Pékin. Elles ont affecté les exportations américaines de maïs, de soja et de viande de porc. De plus cette politique américaine entraîne une volatilité des prix qui empêche les agriculteurs américains de planifier leur production.
La guerre douanière a poussé Washington à offrir des compensations financières aux agriculteurs victimes de la bataille tarifaire. La politique de déréglementation de Trump a donné une plus grande flexibilité aux agriculteurs au détriment, cependant, des préoccupations environnementales.
Des accords commerciaux comme l’USMCA entre les États-Unis, le Mexique et le Canada ont été bénéfiques aux exportations américaines. D’autres ont eu des effets plus mitigés.
L’encouragement à l’adoption de nouvelles technologies agricoles a produit des effets variables faute d’un accès facile aux financements.
Si la politique de Trump II a produit des effets complexes, celle de Trump I crée de nombreuses incertitudes.
Source : Successfull Farming