L’Afrique importe des denrées alimentaires essentielles alors qu’elle produit de plus en plus de denrées commerciales pour l’exportation.
Sa production agricole annuelle connaît un taux de croissance de +4,3% contre 2,75% pour le reste du monde.
Seule une douzaine de pays africains exportent plus qu’ils n’importent, à l’image de la Côte d’Ivoire ($6,3 milliards de ventes pour $2,24 milliards d’achat).
Pour les pays dont le solde commercial est déficitaire, l’autonomie alimentaire est inexistante, d’autant que certains privilégient d’autres secteurs comme celui des énergies :
- Nigeria ;
- Angola ;
- République du Congo ;
Ce désintérêt pour l’investissement et la recherche agricoles pose problème car l’Afrique voit sa population croître exponentiellement et, avec elle, les besoins en denrées de base comme le soja, le riz ou le blé.
La décision d’accorder 10% des budgets nationaux à l’agriculture (Protocole de Maputo), n’est pas appliquée, la majorité des pays atteignant à peine un taux de 3%.
L’urbanisation croissante de la population va aussi influencer la demande selon Quentin Rukingama, directeur associé de JBQ Africa, société de conseil en agrobusiness. Les consommateurs urbains sont éloignés des productions locales et demandent du choix et de la disponibilité, ce qui favorise les importations.
A cela viennent s’ajouter des infrastructures locales de production, de stockage et de distribution défaillants qui engendrent des pertes de denrées pour les petits producteurs locaux qui accèdent difficilement aux marchés.
Deux facteurs d’amélioration sont à prendre en compte :
- Cibler les denrées à produire pour une consommation domestique afin d’assurer la sécurité alimentaire ;
- Sortir de l’agriculture vivrière pour la transformer en agribusiness et lui permettre de répondre à la demande interne.
En priorisant les denrées qui s’exportent dans un écosystème de production peu performant, l’Afrique met la sécurité alimentaire de sa population en danger.
La tâche sera difficile parce qu’il faut structurer les filières pour s’assurer que production et demande convergent, que l’infrastructure permet la distribution des denrées et que les petits producteurs sont prêts à opérer leur transition agricole face au changement climatique.
Le potentiel est là : l’Afrique compte 60% de terres mondiales non cultivées exploitables et établit sa zone de libre-échange continentale , la ZLECAF.
Source : Jeune Afrique