L’Inde a franchi une étape significative dans l’adoption des biotechnologies agricoles avec l’approbation, en octobre 2022, de la moutarde génétiquement modifiée (GM) pour une culture commerciale limitée. Cette décision, prise par le Comité d’évaluation de l’ingénierie génétique (GEAC), marque l’introduction du premier aliment GM destiné à la consommation humaine dans le pays, après le coton Bt introduit en 2002.
La moutarde GM, développée par l’Université de Delhi, vise à augmenter les rendements et à réduire la dépendance de l’Inde aux importations d’huiles végétales. Actuellement, l’Inde importe environ 15 millions de tonnes d’huiles comestibles par an, représentant plus de 70 % de sa consommation totale, pour une valeur estimée à 10 milliards de dollars. Les chercheurs estiment que la moutarde GM pourrait augmenter les rendements de 25 à 30 %, ce qui aurait un impact économique significatif en réduisant la facture d’importation et en renforçant la sécurité alimentaire nationale.
Le coton Bt, la seule autre culture GM autorisée en Inde, couvre déjà plus de 90 % des surfaces cultivées en coton, contribuant à faire de l’Inde le premier producteur mondial de coton. L’introduction de la moutarde GM pourrait ouvrir la voie à une adoption plus large des biotechnologies dans l’agriculture indienne, favorisant l’innovation et la modernisation du secteur.
Cependant, cette avancée n’est pas sans susciter des controverse. Des groupes environnementaux et certaines organisations agricoles ont exprimé des préoccupations concernant les impacts potentiels sur la biodiversité, la santé humaine et les droits des agriculteurs. Ils soulignent le besoin de précautions rigoureuses et d’évaluations indépendantes pour assurer la sécurité et la durabilité de ces nouvelles technologies.
Malgré ces défis, le gouvernement indien semble déterminé à exploiter le potentiel des biotechnologies pour répondre aux besoins alimentaires d’une population dépassant 1,3 milliard de personnes. L’adoption de la moutarde GM est considérée comme une étape stratégique pour stimuler la productivité agricole, réduire la dépendance aux importations et soutenir le développement économique rural.