Une grande partie des apiculteurs ne fait plus son miel… faute d’essaims d’abeilles pour en produire. Pourtant la consommation et les prix des pots augmentent inexorablement. La pénurie de miel est planétaire, sans perspectives pour la résoudre, à court ou même moyen terme. La crise de production remet en cause les modèles agricoles intensifs.
La planète manque de miel, un des plus vieux aliments consommés par l’homme ! Sa production mondiale stagne. Le miel n’est plus produit en quantité suffisante pour répondre à la hausse des demandes européenne et nord-américaine notamment.
Cette situation de crise fait le bonheur des arnaqueurs ! Les nombreux incidents déplorés régulièrement en témoignent. En France, on ne compte plus les ruches volées. Les prix des essaims ont plus que doublé et de plus en plus de miel commercialisé est frelaté.
La crise du miel est d’un tout autre genre que les crises des autres productions. Elle est grave car elle est sournoise et sans issue à court terme. La production de miel diminue dans de nombreux pays car la nature est contrariée.
Les causes sont connues : épandages d’insecticides et d’herbicides, dérèglement climatique, etc. Les solutions pour y remédier aussi sont connues mais elles effraient. Elles remettent en cause les modes de production conventionnels sans garantie de résultat probant. Ou plutôt, avec comme seules perspectives des rendements et des productions de céréales en baisse, donc des marchés mal approvisionnés et des émeutes de la faim généralisées dans les pays émergents. Les systèmes de cultures alternatifs n’apportent que des réponses partielles alors que le défi à relever est mondial!
La production par ruche, à Cuba, est la plus élevée du monde
Les produits agricoles les plus sensibles sont d’abord ceux dont la récolte dépend de l’activité pollinisatrice des abeilles et des insectes en général. Mais tôt ou tard, l’ensemble des cultures sera touché.
Alors que faire ? Imiter Cuba ? Cuba est, en effet, à son corps défendant, un havre d’écologie, un paradis pour les insectes. L’ile est soumise depuis des dizaines d’années à des embargos commerciaux rendant impossibles les importations de produits phytosanitaires.
La production de miel par ruche est la plus élevée de la planète (45 kg par an) car les abeilles butinent dans des champs cultivés par des paysans qui n’épandent pas de produits chimiques sur leurs plantes.
La planète devrait-elle vivre, pour autant, sous un régime de type castriste pour que les hommes consomment plus de miel ?
Le sous-continent sud- américain encore épargné
De nouveaux pays producteurs, disposant encore de grands espaces naturels, arrivent sur le marché. Les récoltes de miel par ruche y battent des records. En Argentine, les ruches produisent en général 35 kg de miel par an alors qu’en France la production n’excédait pas 21 kg en 2017. La production mondiale de miel est estimée à 1,8 million de tonnes.
Miel frelaté
La moitié du miel récolté sur la planète est chinoise. La Turquie et l’Argentine sont les deuxième et troisième pays producteurs de la planète suivis par l’Iran, la Russie et l’Ukraine. Mais la consommation de miel croît en en Europe dans l’ouest et aux Etats-Unis.
« Alors qu’en France elle a avoisiné les 45 000 tonnes en 2017, les importations se sont montées à 35 600 tonnes et le déficit des échanges a atteint 30 400 tonnes, soit un montant de près de 83,5 millions d’euros d’après les statistiques de France Agrimer », analyse Béatrice Mathieu. Celle-ci rapporte aussi que « seuls 30,6 % de la consommation américaine est satisfaite par du miel “made in US”, d’après les dernières statistiques du Département de l’agriculture américain, contre 62,5 % en 1998 ».
En conséquence, les producteurs et les importateurs de miel gèrent la pénurie en augmentant les prix et les contrôles sanitaires pour lutter contre la commercialisation de miels adultérés (mélanges de d’eau et de sucre) et frelatés.
Frédéric Hénin