L’Union africaine a tenu un sommet extraordinaire sur le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine du 9 au 11 janvier 2025 à Kampala, en Ouganda. Cet événement a été l’occasion pour les États membres de définir un plan de développement agricole pour les 10 prochaines années.
Augmenter la production agroalimentaire africaine de 45 %, tel est le principal objectif de l’Union africaine au cours de la prochaine décennie (2026-2035). Dans un communiqué publié le lundi 13 janvier, l’organisation précise que cette décision s’inscrit dans le cadre du nouveau Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) adopté à l’issue du sommet extraordinaire qui s’est tenu à Kampala du 9 au 11 janvier dernier.
Selon les autorités, cette feuille de route est pensée pour renforcer la productivité agricole, la transformation alimentaire et les échanges commerciaux sur le continent en vue d’améliorer la sécurité alimentaire et répondre à la demande alimentaire croissante tirée par la croissance démographique.
« La stratégie prévoit également de réduire de 50 % les pertes post-récolte, de tripler le commerce intra-africain des produits et intrants agroalimentaires d’ici à 2035 et de porter la part des aliments transformés localement à 35 % du PIB agroalimentaire », peut-on lire dans le communiqué.
Malgré ces ambitions, la réalisation des objectifs définis à Kampala nécessitera de relever plusieurs défis structurels. Par exemple, le soutien public au secteur agricole reste encore insuffisant dans la majorité des pays du continent. Dans une étude publiée en décembre dernier, la fondation Farm indiquait notamment que l’Éthiopie est le seul pays d’Afrique subsaharienne à allouer au moins 10 % de son budget national au soutien direct du secteur agricole, respectant ainsi l’engagement de Malabo, adopté initialement lors du sommet de Maputo en 2003.
D’un autre côté, la question du financement agricole est également cruciale. D’après la FAO, les systèmes agroalimentaires africains souffrent d’un déficit de financement et d’investissement qui limite leurs performances. Une étude menée par l’entreprise Aceli Africa en 2023 et intitulée « Bridging the Financing Gap : Unlocking the Impact Potential of Agricultural SMEs in Africa », va dans le même sens, estimant que le déficit de financement de l’agriculture s’élève à 180 milliards $ par an en Afrique subsaharienne.
Alors que la population en Afrique devrait augmenter de près de 64 % pour atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici à 2050, la transformation des systèmes agroalimentaires sur le continent représente bien plus qu’un enjeu sectoriel. Elle constitue une question de souveraineté alimentaire et de stabilité économique et sociale.
Source : Agence Ecofin