Les conflits géopolitiques mondiaux affectent les marchés de matières premières et également les biens de première nécessité (le pain, les pâtes, le sel, le sucre, le riz, la farine, etc.). Dans ce sens, la Russie connaît une progression marquée dans sa production de blé en 2024, maintenant ainsi sa position de leader mondial en termes d’exportations. Le Département américain de l’Agriculture (USDA) prévoit des exportations russes inédites de 49 millions de tonnes au cours de la campagne 2024-2025, soutenues par des rendements optimisés malgré des conditions climatiques variables et la guerre en Ukraine toujours en cours jusqu’à aujourd’hui. Les efforts russes pour augmenter la production, grâce à des investissements dans les infrastructures et les technologies agricoles, renforcent la prédominance du pays sur le marché global, même en période d’instabilité climatique. Cette production agricole importante arrive au même moment où la récolte mondiale de blé connaît une légère baisse – notamment en Europe où les intempéries ont affecté les rendements – ce qui favorise une hausse des prix du marché mondial. Alors que le volume annuel d’exportations de blé ukrainien en Europe a augmenté de 351.000 tonnes avant la guerre, à 6 millions de tonnes récemment, le prix du blé versé aux producteurs français a quant à lui, baissé de 30% depuis 2021.
Comparaison des exportations du blé russe et du blé français vers le Maroc :
Les exportations de blé russe sont plus importantes dans les pays tiers, au détriment des exportateurs français. D’ailleurs, la France, qui est le 1er exportateur européen de blé tendre, a connu cette année une moisson déplorable. Les rendements et la qualité des grains ont été affectés notamment par la diminution des semis, les crues récentes et le manque d’ensoleillement. Selon le ministère de l’Agriculture français, la production estimée à 26,3 millions de tonnes est en baisse de 23,9% par rapport à la moyenne des 5 dernières années et pourrait être la plus faible depuis plus de 35 ans.
Le Maroc quant à lui, est devenu récemment l’un des principaux importateurs du blé russe, soulignant ainsi la prédominance du pays des oligarques. En effet, la Russie est devenue le principal producteur de blé tendre au Maroc, dépassant la France qui occupait cette position auparavant. La première raison de cette modification, est illustrée par la diminution importante de la production céréalière française, tandis que la Russie devient un acteur majeur dans les importations marocaines, dans un contexte de baisse de production agricole locale à la suite d’un déficit hydrique important. En août 2024, 1,92 million de quintaux de blé tendre ont été exportés par la Russie vers le Maroc, contre seulement 0,33 million de quintaux provenant de France. Cette année, la France, qui fût traditionnellement le leader en production de blé tendre du royaume, a réalisé une récolte historiquement faible, estimée à 25,17 millions de tonnes, inférieure à sa production habituelle d’environ 35 millions de tonnes. Les conditions climatiques défavorables ont entraîné une diminution de ses capacités à satisfaire les besoins de ses partenaires commerciaux, y compris le Maroc.